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jeudi 26 mars 2015

CAP SUR PORTO RICO

Vingt-cinq nautiques nous séparent de la côte sud de Porto Rico. A 07h00 nous appareillons en direction de Fajardo, petite agglomération sans charme mais géographiquement bien située pour nos incursions touristiques. Ici aussi moult hauts-fonds tapissent le plan d’eau mais la rigueur américaine soutient le navigateur ; des bouées nous guident dans ce dédale de pièges. Nous mouillons devant la marina implantée sur un îlot en face de la ville. Un service de transrade assure les liaisons avec le continent. La marina très sécurisée ne regorge pas d’activités,  presqu’une marina fantôme, avec un gardien malgré tout. Des portes avec système de carte d’accès interdisent, aux non-résidents, l’intrusion dans le reste de l’ile.

De l’autre côté de la rade, à Fajardo, l’activité est toute relative. De tristes maisons aux formes rectangulaires, aux couleurs défraîchies s’alignent dans des rues sans âme. Partout des barreaux aux fenêtres et grillages surmontés de barbelés tentent de sécuriser biens et personnes. J’ai l’impression de retrouver l’atmosphère d’insécurité d’Afrique du Sud mais ici au milieu de constructions délabrées.

Avec nos amis de P’tit Mousse nous louons un véhicule ; entreprise bien difficile. L’unique agence de location dispose d’un parc automobile restreint. Une réservation bien en amont eût été plus que souhaitable. A force d’insistance notre loueur nous « dégote » un véhicule DODGE de neuf places qui a déjà bien vécu : 200 000 km au compteur tout de même ! Les amortisseurs, arrière surtout, ont souffert et ne rendent plus guère leur office.  Le dos des passagers installés à l’arrière réclame en vain un peu plus de tendresse et de ménagement. Un inquiétant voyant orange s’affiche sur le tableau de bord. Nous ne renoncons pas pour autant à notre objectif : fouler la réputée forêt tropicale montagneuse El Yunke.

A l'arrière plan forêt tropicale El Yunke
Selon la légende indienne l’esprit bienfaisant « Yuguiyu » vivait et régnait au sommet du pic le plus élevé et protègeait Porto Rico et ses habitants. Cette croyance des Tainos explique sans doute qu’une randonnée à travers la forêt tropicale jusqu’à ce pic, qui culmine à 1065 mètres, procure un sentiment de bien-être et de sastifaction personnelle, même si la marche est rude. Cette montagne intégrée à la chaîne de Luquillo a donné son nom à la réserve forestière environnante, aussi surnommée avec fierté la « Caribbean National Forest »(1). Les autorités et guides touristiques la présentent comme l’unique fôret tropicale du réseau des parcs nationaux des Etats-Unis.

La réserve d’une superficie de 11 200 hectares abrite plus de 400 espèces d’arbres et de fougères. La plupart pousse avec frénésie dès que les nuages chargés de pluie poussés par les vents de l’Atlantique déversent leurs eaux sur la chaîne de Luquillo, créant des conditions de serre. La zone est sillonnée par 13 sentiers bien entretenus, de la petite promenade le long d’un chemin asphalté, à la grande randonnée jusqu’au somment d’El Yunque. Les jours de bonne visibilité les îles Vierges se détachent sur l’horizon.



Nous nous laissons tenter par une petite marche aux chutes de la Mina. A peine pénétrons nous dans la forêt que le coassement de la grenouille arboricole coqui (emblème national de Porto Rico) nous accueille. Son camouflage la rend invisible dans les feuillages, il nous est impossible de l’apercevoir. Ici et là des orchidées miniatures tranchent avec la végétation luxuriante d’un vert bien soutenu, des escargots à coquille couleur terre colonisent le tronc des arbres, des oiseaux se faufilent dans ce dédale de verdure. Mais le perroquet de Porto Rico, espèce rare, sans doute incommodé par les randonneurs par trop bruyants ne nous montre ni le bout de son bec ni son beau plumage vert.




Une quarantaine de minutes plus tard nous atteignons la chute d’eau de la Mina, visitée par de nombreux marcheurs. Cette affluence humaine n’est point à notre goût, nous les sauvageons de la mer déshabitués des mouvements de foule, nous rebroussons chemin.




San Juan, la capitale située à moins d’une heure de route est notre destination suivante. La route reliant Fajardo à la capitale est bordée d’habitations aux formes cubiques ou rectangulaires aux toits plats et aux façades décolorées par le temps. Elles s’alignent militairement le long de la chaussée. L’esthétique est visiblement une notion inconnue de cette partie de Porto Rico. A l’approche de San Juan des centres commerciaux à l’américaine fleurissent et les chaines de restauration rapide se concurrencent les unes avec les autres (Burger King, KFC, Mac’Donald, Subway etc…).

Métropole moderne, la capitale de Porto Rico possède une riche histoire. Elle est le lieu d'attraction principal de l'île, en particulier la vieille ville construite par les Espagnols. Elle possède de nombreux bâtiments historiques (forts, églises, etc.) et quelques musées. Son centre historique renommé pour son architecture coloniale contraste avec son front de mer bordé de gratte-ciel. Le vieux San Juan est incroyablement bien conservé pour un quartier qui remonte à près de 5 siècles.   Fondée en 1521,  elle est la ville la plus ancienne d’Amérique après Cuzco au Pérou. Aujourd’hui
Hiboux sur les balcons 
San Juan connaît une importante activité commerciale, elle joue un rôle moteur dans l’économie et dans la vie politique de l’île et constitue la tête de pont culturelle de l’influence américaine aux Caraïbes.

Nous arpentons les rues du vieux San Juan le nez pointé en l’air à la découverte des façades travaillées, de style hispanique, toutes dotées de balcons généreux. De nombreuses galeries d’art et des musées attisent la curiosité du chaland tandis que les restaurants en appellent à leurs papilles….

Les villes du Nouveau Monde érigées par les colons espagnols reproduisent tout naturellement le modèle hispanique de rues gravitant autour d’une place centrale qui demeure aujourd’hui encore le cœur de la ville. Autour de la place San José, la plus ancienne de San Juan, gravite l’église du même nom elle aussi la plus ancienne du Nouveau Monde construite dans les années 1520 et parfaitement restaurée. Juste à côté le couvent dominicain abrite désormais une galerie nationale consacrée à la culture portoricaine du 18ème siècle aux années 1960.  Place d’Armes, l’hôtel de ville, réplique de la mairie de Madrid, se dresse fièrement en face de la fontaine centrale. La cathédrale quant à elle est un rare exemple d’architecture gothique construite au Nouveau Monde.

Le couvent

La liste des places et centres d’intérêts est loin d’être exhaustive mais la visite de San Juan ne saurait être complète sans un passage à la Plaza Colon, dédiée initialement  à St Jacques mais rebaptisée en  1893 à l’occasion du 400ème anniversaire de la découverte de Porto Rico pour honorer Christophe Colomb.



Eglise San José
En périphérie du centre historique l’avenue de la Constitution, principale artère de San Juan est un alignement rigoureux d’édifices impeccablement ravalés. Ils abritent pour la plupart des administrations d’Etat ou des établissements publiques.

La fin de notre journée tourisme coïncide avec les heures de pointe. La périphérie de San Juan n’est pas épargnée par les embouteillages, lot quotidien des grandes métropoles. A n’emprunter que les routes maritimes depuis six mois nous en avions oublié, sans nostalgie aucune, les aléas de la vie civilisée…

Après une bonne nuit de repos nous appareillons de Fajardo à l’aurore pour rejoindre l’île de Vieques distante d’une trentaine(1) de nautiques.

Vers 15h00 nous pénétrons dans la baie de Puerto Real située sur la côte sud en face du village Esperanza. Comme à chaque arrivée nous effectuons un tour d’horizon à la recherche d’un guidon MédHermione. Nous localisons l’OVNI 395, « AlexMarie » de Luc et Delphine et passons  les saluer avant d’établir notre mouillage. Nous nous écartons des bouées privées et jetons l’ancre à proximité de nos amis.

Petite île étroite de 34 km de long, Vieques est bordée de plages aux noms colorés, plage bleue, rouge, verte, noms donnés par les anciens propriétaires de Vieques qui l’occupèrent pendant plus de soixante ans : l’armée américaine. Les deux tiers de l’île servirent de camp d’entraînement au tir d’artillerie et d’essais de missiles. La population déplacée sur le tiers restant organisa des pétitions. Des manifestations pour sensibiliser l’opinion internationale sur les dangers de telles opérations, pour les habitants et pour l’environnement, se répétèrent inlassablement. De nombreuses arrestations s’en suivirent malgré le soutien général des autochtones, des forces politiques locales et d’artistes de renom. Finalement en 2003 le contrat de réquisition ne fut pas renouvelé et le 1er mai George W. Bush annonça le retrait de l’armée. 
Depuis cette date cette partie de l’île devenue havre de paix pour la faune et la flore est convoitée par les investisseurs immobiliers et le prix des terrains s’est envolé. La richesse des fonds sous-marins en fait un lieu réputé pour la plongée.

La mer bordant Porto Rico est connue pour sa richesse en planctons. Des micro-organismes biolumunescents sont observables à la nuit tombée. Ils sont particulièrement denses à Vieques dans Mosquitoes bay, baie jouxtant notre lieu de mouillage. Un formidable festival de lumières attire touristes et navigateurs qui ont réussi à franchir, dans des conditions souvent houleuses,  la petite passe de 6 mètres de large. Le moyen le plus sûr et, le plus sage, pour y accéder consiste à mouiller à l’entrée de l‘étroit passage et de se rendre sur le site du spectacle en annexe.

En mer, les quarts de nuits sont l’occasion d’assister à des feux d’artifice marins captivants, de multiples lumières blanches jaillisent de chaque bord de Philéas lorsque l’étrave fouette la houle. A la poupe l’hydro-générateur réveille les planctons qui illuminent le sillage de mille feux.

A terre le petit village d’Esperanza est bordé de restaurants, signe d’activité touristique et par une belle promenade en bord d’océan. Isabel Segunda, côte nord, ville principale de Vieques est organisée autour d’une spacieuse place centrale sur laquelle le Fort Conde de Mirasol, dernière structure militaire espagnole subsiste.

A Vieques la carène de Philéas fait peau neuve. Equipés de palmes, masque, tuba, ventouse, grattoir et brosse nous débarrassons Philéas des algues vertes et autres colonisateurs indésirables, sur et sous la coque. Son dernier passage entre les mains du barbier Christian, expert en la matière il va sans dire,  remonte à deux mois, aux Saintes.  Pendant deux bonnes heures Alain astique le bouchain tribord, je concentre mes efforts sur le côté bâbord tandis que Christian chatouille avec énergie et détermination le ventre et les quilles de Philéas. La jonction ligne de flottaison-carène fait de la résistance mais nous sommes tenaces. Lors des remous provoqués par les annexes et bateaux à moteur fendant la mer à des vitesses décoiffantes, nous buvons quelques tasses salées en les maudissant. Un peu avant la pause déjeuner nous reposons nos armes, Alain émerge de l’eau des algues vertes agrippées à sa barbe naissante. Delphine du voilier AlexMarie nous propose une boisson roborative et s’exclame en voyant Alain : « Ah la belle barbe en herbe ! ».

Nous sommes désormais près pour en découdre avec la mer et gratter, au sens figuré cette fois, un nœud sur notre vitesse de croisière. Nous quittons Vieques à la première lueur du jour pour rejoindre la côte Est de Porto Rico, distante d’une quarantaine de nautiques(1). Le skipper en général matinal et l’armateur, d’ordinaire beaucoup moins, se chargent de l’appareillage tandis qu’Alain profite de quelques heures de sommeil supplémentaires jusqu’à son quart. Son réveil est salué par la visite de plusieurs bans de dauphins. A la grande déception d’Alain ils ne sont pas passés par la boulangerie, les croissants seront pour un autre jour ! Les odontocètes nous font l’honneur d’un show de natation synchronisée pendant une bonne heure. Ils jouent avec l’étrave de Philéas, s’éffleurent les uns les autres, se font des queues de … dauphins, effectuent des quarts de tours et se laissent glisser sur le flanc tout en nous jetant un coup d’œil espiègle comme pour s’assurer de notre présence. Un petit rigolo s’amuse à faire la planche coulée et nous dévoile la blancheur de son ventre à moult reprises. Oh ! Tiens celui-là tout en nageant satisfait un besoin naturel juste devant le nez de son frère qui lui rend la pareille. Et pour finir nous avons droit à une inspection de coque par cette patrouille sous-marine hors du commun. Nous rencontrons cette variété de dauphins à long rostre au bout blanc, le steno bredanensis pour la première fois. Le steno -aucun rapport avec la sténo…dactylographe du siècle dernier- a une tête allongée caractéristique. Son statut n’est pas bien connu. Il est également appelé steno rostré. Comme tous les cétacés à dents il a un crâne asymétrique et un seul évent. 

Depuis quelques jours Eole ne souffle pas avec frénésie, notre moyenne n’est pas digne d’apparaître dans le Guinness des records. Mais après tout, nous sommes en croisière et décidons d’une escale devant la plage de Patillas située à une heure de route de Ponce mais à 8 heures de navigation par petit temps... Niché entre la mer et les montagnes tapissées de forêts, Patillas est un modeste village balnéaire. Ici encore l’approche nécessite vigilance et attention pour éviter un haut-fond. A 13h30 le soleil est suffisamment haut pour nous permettre de le localiser sur notre tribord. Droit devant nous reconnaissons l’unique voilier mouillé, appartenant à un couple de lyonnais en congé sabbatique d’une année. Ils ont acheté leur monocoque aux Antilles et entendent le revendre en novembre pour reprendre un mode de vie plus conventionnel comme le firent les précédents propriétaires. L’heure de la retraite n’a pas encore sonné pour eux !

Le lendemain nos atteignons le Ponce Yacht and Fishing club accueillant essentiellement de unités dotés de (très) gros moteurs destinées à la pêche. Ce club privé situé à 8 km de Ponce rassemble les passionnés de pêche sportive. L’accès par voie terrestre est filtré par un garde, un passe délivré par les bureaux du club, déjà fermés à notre arrivée et pour tout le weekend, est indispensable pour circuler sur le site. Le factionnaire applique le règlement à l’américaine ; en l’absence de carte de passager temporaire, que notre voilier soit au mouillage devant le club ou non si nous sortons nous ne serons pas autorisés à rentrer. Il nous interroge encore : « Etes-vous passés par les services de l’immigration ? Rassuré il nous invite à amarrer notre annexe à l’extérieur du club si nous souhaitons nous rendre en ville et rejoindre notre voilier par la mer.

Ponce n’est pas une destination touristique très prisée. Elle n’a cependant pas perdu le charme architectural des siècles prospères où la production de café et de canne à sucre en faisait une cité riche. Ponce fut fondée en 1692 par Juan Ponce de Léon y Loayza, le petit-fils du conquistador espagnol Juan Ponce de Léon. De cette époque est né son surnom « La cité des Lions ». D’abord hameau puis village Ponce acquiert le statut de ville à part entière en 1877 grâce à sa croissance basée sur ses productions agricoles variées (canne, maïs, café) et au commerce du rhum. Les distilleries de rhum ont fait la fortune des grandes familles ponceñas du XIXème jusqu’au milieu du XXème siècle. A la fin du XIXème siècle Ponce était plus peuplée que San Juan. La seconde guerre mondiale sonne le déclin de l’économie. Seule la distillerie Seralles subsiste et commercialise le DON Q. Aujourd’hui la plupart de la production de canne provient d’Haïti et de République Dominicaine.

Notre taxi nous dépose au cœur du centre historique de la ville, Plaza Las Delicias juste devant le fameux Parque de Bombas -la caserne des Pompiers- devenue musée. D’imposants lions très colorés plantés en sentinelles de chaque côté du bâtiment apportent une note des plus insolites, un peu kitch. C’est en 1882 que le gouvernement espagnol décide de la construction d’une caserne de pompiers. Le lieutenant-colonel Maximo Meana, architecte, établit les plans et fait réaliser un bâtiment essentiellement en bois à l’allure d’un château baroque espagnol. Une brigade de pompiers s’y installe. L’année suivante, en 1883, un important incendie ravage la partie sud de l’île, notamment les champs de canne. Les pompiers mettent 22 jours pour circonscrire le feu. En 1885 la caserne devient une référence pour toute la partie sud de Porto Rico. Meana devient maire de la ville et fait alors repeindre le bâtiment aux couleurs municipales, rouge et noir. La caserne restera en fonction jusqu’en 1990, date à laquelle elle est transformée en musée.

Cathédrale Nuestra Senora de Guadalupe



Derrière la caserne se dresse la cathédrale Notre Dame de Guadalupe, principal édifice religieux de Ponce construit entre 1835 et 1839 sur les cendres de la chapelle la Nuestra Señora de Guadalupe érigée lors de la fondation de Ponce, en 1692. Depuis 1984 la cathédrale est classée au registre national des monuments historiques.





L'hôtel de ville


Près d’un demi-milliard de dollars a été consacré à la préservation du centre colonial de la 2ème ville de Porto Rico. Le cœur de Ponce datant de la fin du XVIIIème siècle a été déclaré « Trésor National ». Il abrite plusieurs places, églises, des bâtisses coloniales richement décorées, quelques fontaines. La spécificité de Ponce tient à ses angles de rues chanfreinés qui facilitaient le passage des chariots transportant des maisons en bois d’un site à l’autre. 

Lundi 23 mars midi les formalités de sortie de Porto Rico accomplies, l’approvisionnement en eau effectué, nous appareillons pour l’île à Vache. 430 nautiques nous séparent d’Haïti. Un vent d’est souffle timidement, de petits moutons pas très agressifs tapissent la surface de la mer. Nous sortons la garde-robe légère de Philéas ; le spi reprend du service. Philéas progresse à une petite vitesse moyenne de quatre nœuds(3). A ce rythme nous toucherons notre destination dans quatre jours.

Nous entamons notre seconde nuit de navigation, l’obscurité est déjà bien établie lorsque Christian alerté par une série de sifflements devine du mouvement à la proue de Philéas. Des masses sombres, à peine visibles à la lueur des étoiles, jouent à cache-cache avec nos yeux. Ce sont des dauphins venus batifoler avec notre étrave ; un cadeau de la nature pour égayer notre début de nuit en mer. Ondulations, petits sauts et coups de queue réveillent les micro-organismes bioluminescents. Le plan d’eau s’illumine de-ci de-là. Notre vision maintenant adaptée à l’obscurité suit l’évolution de nos visiteurs et se concentre sur le sillage luminescent provoqué par l’onde de choc. Une fois encore les grands enfants que nous sommes, restent en extase devant ce spectacle… lumière pour une fois. L’intensité des rais lumineux confirme un ban conséquent. Les formes observées révèlent des cétacés de petite taille.

A une heure plus avancée de mon quart un oiseau, sans doute fatigué de vagabonder sur la mer des Caraïbes aspire à un peu de repos et tente un atterrissage sur Philéas. Immobile dans la pénombre du cockpit je suis son évolution avec intérêt. Après trois tentatives vaines il se pose non sans difficultés sur le panneau solaire, plate-forme en mouvement ! Par mer d’huile l’opération eut sans aucun doute été plus aisée. Ce terrain mouvant ne lui sied guère, il reprend son envol. S’agit-il d’un puffin ? Peut-être ! Je n’ai point l’œil suffisamment affûté pour l’identifier avec certitude à la seule lueur du clair de lune. 

Les journées s’enchaînent, le vent ne s’affole toujours pas voire même faiblit par période. La mer quant à elle monte en puissance ; des lames et des crêtes d’écume déferlent et ballotent Philéas qui part au lof. Le troisième jour Eole sort enfin de sa torpeur, Philéas allonge la foulée. L’immense plan d’eau jusqu’ici désert commence à se peupler. Nous captons sur les fréquences VHF(4), Aldébaran et Eraünsia, deux voiliers de notre flottille et restons en contacts radio ponctuels. AlexMarie, parti en même temps que nous de Ponce, s’est fait la belle. Son signal AIS a disparu de nos écrans depuis longtemps déjà. Tous trois nous adoptons le même modus operandi : réduire la voilure pour éviter une arrivée de nuit à l’Ile à Vache.

Au terme de quatre nuits de navigation et de trois jours et demi de mer nous rejoignons le reste de la flottille au mouillage baie Feret, juste en face de l’hôtel Morgan. 








(1)    Caribbean National Forest : Forêt nationale tropicale.
(2)    Un nautique équivaut à 1852 mètres. 30 nautiques correspond à un peu plus de 55 km et 40 nm à 74 km.
(3)   4 nœuds : 7,4 km/h
(4)  VHF : Very High Frequenzy

(5)    AIS : Automatic Identification System – système d’identification automatique.

lundi 23 mars 2015

PRESENTATION DE PORTO RICO

Situé dans les grandes Antilles, à l’est de la République dominicaine et à l’ouest des îles Vierges, l’archipel de Porto Rico est baigné au nord par l'océan Atlantique au sud par la mer des Caraïbes. Le territoire est constitué de l'île de Porto Rico proprement dite, ainsi que de plusieurs îles plus petites, dont Vieques, Culebra et Isla Mona. Le nord de l'archipel forme aussi l'angle méridional du triangle des Bermudes.
Porto Rico ou Puerto Rico est un territoire non incorporé des Etats-Unis avec un statut de commonwealth. Son système politique ressemble à celui d'un État américain, avec quelques particularités ; les Portoricains participent aux primaires présidentielles mais ne votent pas aux élections correspondantes. Ils disposent de siège à la Chambre des représentants, mais en revanche n'en ont pas au Sénat. La population se divise en deux parties à peu près égales, l'une favorable à l'indépendance, l'autre au rattachement aux États-Unis. En l'absence de majorité claire, le statut actuel perdure.

ORIGINE DU NOM


Christophe Colomb nomma l'île San Juan Bautista, en l'honneur de saint Jean Baptiste alors que le port fut nommé Ciudad de Puerto Rico ("cité du port riche"). Finalement, les marchands et marins en sont venus à se référer à l'ensemble de l'île sous le nom de Puerto Rico tandis que San Juan est devenu le nom utilisé pour le port de commerce qui deviendra la capitale de l'île.


Porto Rico ou Puerto Rico ?

Puerto Rico est le nom en langue espagnole mais également en anglais américain (Porto Rico étant l'ancienne dénomination dans le monde anglophone). Dans les années 2000, le nom espagnol Puerto Rico est devenu le seul nom officiel en usage sur l'île pour désigner le territoire. Le nom anglais de Porto Rico est en phase d'obsolescence (il est maintenant désuet aux États-Unis). En revanche, Porto Rico reste la dénomination officielle par la France.
Les Porto-Ricains appellent souvent leur île Borinquen, dérivé de Borikén, son nom indigène Taino qui signifie "Terre du vaillant seigneur". Les noms boricua et borincano dérivés respectivement de Borikén et Borinquen sont communément utilisés pour identifier quelqu'un originaire de Porto Rico. L'île est aussi connue en espagnol sous le nom de la isla del encanto ("L'île de l'enchantement").


Ère précolombienne


L'histoire de l'archipel de Porto Rico avant l'arrivée de Christophe Colomb n'est pas bien connue. Les connaissances actuelles viennent des recherches archéologiques et des premiers témoignages espagnols. Le premier livre approfondi sur l'histoire du Porto Rico a été écrit par Fray Íñigo Abbad y Lasierra en 1786, 293 ans après l’arrivée des premiers Espagnols.

Les premiers habitants dont on ait une trace étaient des Ortoiroides, pêcheurs et chasseurs, ils avaient développé une poterie primitive mais pas l'agriculture, on les classe dans la période archaïque. Les Archaïques venaient de Floride. En 1990, une fouille archéologique dans l'île de Vieques fit la découverte de ce que les chercheurs pensent être un homme archaïque (appelé homme Puerto Ferro), daté environ à 2000 avant J.-C.

Entre 120 et 400, les Igneris (Saladoïdes), une tribu de la région sud-américaine d'Orinoco, arrivèrent. Tribu d'Arawaks, les Igneris étaient une civilisation plus avancée que celle des Archaïques. Entre les IVème et Xème,  les Archaïques et les Igneris coexistèrent (et peut-être s'opposèrent).

Entre le VIème et XIème siècle, une autre tribu d'Arawak arriva. La culture des Taïnos se développa sur l'île. Les Taïnos avaient développèrent l'agriculture.

 Porto Rico fut découverte par Christophe Colomb, lors de son second voyage, qui la baptisa « San Juan Bautista », en l'honneur de Jean, Prince des Asturies, (1478-1497), fils de Ferdinand II d’Aragon et d’Isabelle 1ère de Castille. Il en prit possession au nom de la Couronne de Castille le 19 novembre 1493 en débarquant sur la plage de l'actuelle ville d'Aguadilla.

La colonisation de l'île par les Espagnols ne commença néanmoins qu'en 1508. Elle inaugura une ère qui devait se prolonger jusqu'à la fin du XVIIIe siècle et pendant laquelle l'île fut soumise aux règles des politiques mercantilistes des autorités espagnoles qui ne laissèrent aux habitants de l'île que peu d'opportunités d'accumuler le capital qui aurait permis de la développer.

L'île était habitée par des Amérindiens Taïnos qui furent bientôt réduits en esclavage et décimés par les dures conditions de travail imposées par l'occupant, ainsi que par les maladies européennes contractées au contact des Espagnols. Des esclaves africains remplacèrent les Taïnos. Porto Rico devint un bastion et un port important pour l'empire espagnol.

Au XVIIème siècle et au début du XVIIIème siècle l'emphase coloniale était sur les territoires plus prospères du continent américain.
Après la rapide indépendance des États d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale dans la première partie du XIXème siècle, Porto Rico et Cuba devinrent les seuls restes du grand empire espagnol d'Amérique.

À la suite de réformes, la population augmenta et l'économie s'améliora. Mais en 1868, la pauvreté et l'aliénation politique avec l'Espagne menèrent à un petit mais significatif soulèvement connu sous le nom de « Grito de Lares ».


Territoire des États-Unis


Le 25 juillet 1898, pendant la guerre hispano-américaine, Porto Rico fut envahie par les États-Unis après un débarquement à Guȧnica. Le 10 décembre 1898 le traité de Paris, signé entre les États-Unis d'Amérique et l'Espagne, est ratifié par le Sénat américain après un débat houleux. En échange de 20 millions de dollars, l'Espagne cède ses dernières possessions d'Amérique latine – Cuba et Porto Rico – ainsi que les Philippines.

En 1945, Luis Muñoz Marin gagne les premières élections démocratiques de l'histoire de Porto Rico, et en 1952, il aide Porto Rico à obtenir une autonomie partielle vis-à-vis des États-Unis.
En 1963, le radiotélescope d’Arecibo est inauguré. Ce radiotélescope est le plus grand du monde, avec sa parabole de plus de 300 m de diamètre, encastrée dans le paysage karstique de la région d'Arecibo. À son inauguration, un message fut envoyé vers l'espace à destination d'éventuelles civilisations extraterrestres.

En juillet 2000 et juin 2007, le Comité spécial de la décolonisation de l’ONU a demandé aux États-Unis de permettre « d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance » ainsi que la restitution des terres occupées par les bases militaires de Vieques et de Ceiba.

Le gouverneur de Porto Rico décide alors de supprimer le caractère officiel de la langue anglaise, afin de ne garder que l'espagnol officiel. Ce changement sera annulé par le gouverneur suivant, pour apaiser la situation. Toutefois, le nom espagnol Puerto Rico reste dorénavant le seul nom officiel pour désigner le territoire et l'île, et le nom anglais Porto Rico est en phase d'obsolescence rapide, même aux États-Unis.

En 2005, à la suite de l'assassinat du leader indépendantiste Filiberto Ojeda Rios, la situation se crispe de nouveau, malgré les annonces de George W. Bush.

Le 1er mai 2006, les États-Unis interrompent le système de prêts à Porto Rico rendant impossible le paiement des salaires des fonctionnaires portoricains. Suite à ces événements, l'ONU, via le Comité spécial de la décolonisation, décide de délibérer sur la situation américano-portoricaine le 12 juin 2006.

Le 29 avril 2010, la Chambre des représentants des États-Unis permet, par un vote de 223 voix contre 169, un processus formel d'auto-détermination pour l'île. Le 6 novembre 2012, le gouverneur de Porto Rico organise un référendum demandant aux Porto Ricains de proroger jusqu'en 2020 le statut actuel d'« État libre associé » ou Commonwealth. Le résultat fut à 65 pour cent en faveur du changement de statut pour devenir un État des États-Unis.

La situation juridique et diplomatique de Porto Rico est complexe :

  • Non représentée aux Nations unies, l'île a un comité national olympique sous le nom de Comité national olympique portoricain.
  • État libre, mais associé aux Etats-Unis, Porto Rico n'a aucune obligation vis-à-vis du fisc fédéral américain (ses habitants ne payent que des impôts locaux).
  • Les portoricains ont la nationalité américaine, mais ne possèdent pas la citoyenneté américaine. De ce fait, ils n'ont pas  droit de vote à l’élection présidentielle américaine. Paradoxalement, ils votent pour la désignation des candidats démocrates et républicains à cette élection lors des primaires. Ainsi, Hillary Clinton y remporta un de ses derniers succès électoraux lors des primaires de 2008. Ils élisent un seul représentant à la Chambre des représentants des Etats-Unis (mais aucun au Sénat où seuls les Etats américains sont représentés).
  • Les compagnies aériennes américaines la considèrent comme une « destination internationale », alors que les avions des compagnies portoricaines doivent porter un numéro de registre américain.

LE DRAPEAU ET LES SYMBOLES DE PORTO RICO

Il est inspiré de ce lui des Etats-Unis mais qui -à la disposition des couleurs près- est identique dans son dessin à celui de Cuba.

Il est formé de cinq bandes horizontales rouges et blanches, placées en alternance (bandes rouges en haut, au centre et en bas). Un triangle bleu, orné en son centre d'une étoile blanche à cinq branches, s'appuie sur tout le côté de la hampe.
L'étoile blanche symbole Porto Rico, les trois côtés du triangle renvoient aux pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Le bleu symbolise le ciel et les eaux côtières, le rouge symbolise le sang versé par les guerriers, tandis que le blanc représente la liberté, la victoire et la paix.





jeudi 19 mars 2015

CULEBRA OU LES ILES VIERGES ESPAGNOLES


Vendredi 13, notre jour de chance, le guindeau reprend enfin du service !


14h15, l’ancre est relevée, Philéas et son équipage, dans les « starting blocks », font des ronds dans l’eau devant le pont séparant Sandy Ground de la baie de Marigot.
14h30 la porte de la liberté s’ouvre sur l’océan atlantique. Nous nous engageons dans le chenal d’accès et retrouvons une baie à l’eau turquoise. Un dernier essai du guindeau valide la fin des travaux et nous prenons le large en direction de Culebra, île vierge espagnole.

 
Un vent portant de nord-est de 20 nœuds nous accompagne pendant 24 heures et nous lui en savons gré. La mer bien formée et une houle croisée de deux mètres nous rappelle la fragilité de nos estomacs déshabitués à tant de désordres. Les séjours prolongés sur le plancher des vaches ramollissent le marin et les organismes perdent la mémoire de l’inconfort… Nous remercions Éole de ne pas nous abandonner car avec une telle houle l’absence de vent transformerait Philéas en shaker frénétique.

La nuit s’annonce étoilée mais aujourd’hui pas question de nous attarder à la contemplation du ciel ; de nombreux bateaux croisent notre route et la vigilance du veilleur est requise.

En début d’après-midi l’île de Culebra se dévoile peu à peu. Nous nous dirigeons vers la baie « ensenada Honda »(1) accessible uniquement en venant du sud-est et en suivant rigoureusement le chenal d’accès. Le site est mal pavé, de part et d’autre de nombreuses « cayes »(2) tapissent les fonds, les distraits risquent d’y laisser leur bateau. Surprise nous croisons P’tit Mousse puis Alex Marie de la flottille MédHermione. Un rapide échange entre marins et chacun poursuit sa route, nous nous retrouverons ultérieurement.

Plage avant je dévire manuellement la chaîne, l’ancre tombe sans autre intervention, plus besoin de l’aider, au contraire elle a tendance à se prendre pour speedy gonzales.  « Du doigté » me dit le skipper, « du doigté ! ».

A  Culebra, île satellite de Porto Rico, elle-même état indépendant rattaché aux États-Unis, les formalités d’immigration s’effectuent à l’aéroport, aérodrome accueillant des petits porteurs et des aéronefs privés. L’activité y est cependant significative. La rigueur américaine est de mise. Nous nous présentons sans attendre à l’officier d’immigration, non sans avoir pris un contact téléphonique en amont. Avant tout chose, il s’enquiert de notre possession d’un visa d’entrée américain : « Vous avez bien un visa, pas un ESTA(3) ? Avez-vous téléphoné avant de venir ? Quel est le nom de votre bateau ? ». Mais pourquoi diable devoir téléphoner au préalable, le bureau est ouvert jusqu’à 17h00 ? Pas question de jouer aux fortes têtes, nous sommes sur le sol américain et ici on ne badine pas avec les autorités.  Français râleur ou contestataire s’abstenir !  Les formalités durent un temps certain –heureusement nous ne sommes que trois à bord- mais l’atmosphère se détend peu à peu. Nous sommes autorisés à circuler à Culebra, Vieques et Porto Rico et à naviguer dans les eaux américaines.

Le plan d’eau bordant les îles vierges espagnoles est parsemé de hauts-fonds. La navigation requiert une attention accrue pour zigzaguer  entre  moult pâtés de coraux. Côté terre, le vert soutenu est la couleur prédominante. Armée de ma curiosité et de mon appareil photo, je me lance, seule, à la conquête du lieu. Christian frappé par un lumbago depuis St Martin reste à bord pour se reposer tandis qu’Alain préfère savourer la quiétude du mouillage.

Culebra, île sauvage, encore préservée de l’appétit vorace des investisseurs immobiliers attirent Portoricains l’espace d’un weekend et touristes étrangers. Depuis 1975, année où la marine américaine a cessé d’utiliser l’archipel comme cible d’entraînement, ce groupe de 24 îles broussailleuses, situé à quelques 35 km au large de la côte est de Porto Rico, connaît un nouvel essor. La circulation se résumait auparavant à deux ou trois voitures. Progressivement le parc automobile s’est enrichi de nombreux véhicules type voiturettes de golf fort bien adaptées aux déplacements sur cette petite île. Les touristes semblent particulièrement apprécier ces quatre roues dépourvues de carrosserie. Et des 4X4 rutilants, de marque Jeep, signe du rattachement de Culebra aux Etats-Unis, y fleurissent désormais. De plus en plus de voyageurs portoricains commencent à apprécier les charmes de ces îles nonchalantes, attirés par ses superbes plages et ses récifs coralliens préservés qui font la joie des plongeurs.


Avec ses 11 km sur 6 km la petite île de Culebra, dont le nom signifie couleuvre en espagnol, domine l’ensemble de l’archipel. La ville principale, Dewey rassemble presque tous les habitants de la région, soit environ 2 000 âmes. Flamenco beach sur la côte nord, la plus belle plage de l’île, attire les amateurs de baignade. Suffisamment vaste, elle offre une intimité aux vacanciers que nos plages méditerranéennes peuvent lui envier. Un mouillage forain n’est cependant pas conseillé ; une forte houle vient s’écraser de façon récurrente, sur le rivage. Un tel ressac est suffisamment dissuasif et la tenue de l’ancre y est bien aléatoire. Lors de ma balade sur le rivage, le drapeau rouge est hissé, d’énormes rouleaux brassent énergiquement le sable.



Attirée par la réserve naturelle jouxtant la plage je m’y engage en quête de quelques oiseaux hors du commun. La rencontre avec l’oiseau rare ne sera pas pour aujourd’hui. Peut-être aurais-je dû m’engouffrer plus à l’intérieur. Une telle initiative est cependant à proscrire ; cette ex-zone militaire est encore truffée d’explosifs. Seul un insouciant se risquerait à s’aventurer hors du sentier balisé.




Un peu d’histoire

Découverte en même temps que Porto Rico par Christophe Colomb, en 1493 lors de son deuxième voyage, elle est alors habitée par les Indiens Tainos. Pendant trois siècles elle sert de refuge aux pirates, dont le célèbre Henry Morgan. En 1875, un Anglais de couleur du nom de Stevens est nommé gouverneur de l’île par le gouvernement de Vieques. Il doit protéger des pirates l’île et les pêcheurs mais est assassiné la même année. Culebra n’est réellement habitée qu’à partir de 1880 avec l’implantation de Cayetano Escuelero Sanz.
Le 25 septembre 1882 débute à Culebrita, un petit îlot au nord-est de Culebra, l’édification d’un phare. Il est  achevé le 25 février 1886 et reste pendant près de 100 ans, jusqu’à sa mise hors service en 1975, le plus ancien de la mer des Caraïbes.
En 1902 Culebra est intégrée à l’île de Vieques. En 1903 le président américain Théodore Roosevelt crée une zone navale militaire sur l’île à des fins d’entraînement au bombardement. La population de Culebra proteste violemment à partir de 1971 et obtient gain de cause en 1975 avec le déplacement des opérations sur l’île de Vieques.

Culebra est déclarée municipalité indépendante en 1917. Toutefois le gouverneur de l’île reste nommé par l’administration de Porto Rico jusqu’en 1960. Depuis cette date, Culebra élit librement ses représentants.

Porto Rico nous attend. Ce matin le branle-bas est matinal. Nous avons 25 nautiques(4) à parcourir pour atteindre Fajardo, situé au sud-est de l’ile et nous entendons bien arriver pour déjeuner.





(1) ensenada : signifie en espagnol anse, crique.
(2) caye : haut-fonds généralement rocher à fleur d’eau
(3) Les voyageurs étrangers arrivant sur le sol américain par un moyen privé sont assujettis à la possession d’un visa délivré par le consulat américain implantée à Paris. Ils doivent se rendre physiquement devant l’officier d’immigration qui après entretien leur délivre un visa en général d’une validité de 10 ans. En revanche les visiteurs voyageant par une compagnie commerciale n’ont besoin que d’un visa simplifié dit ESTA qui est délivré en se connectant sur le site Internet gouvernemental des États-Unis.
(4) un nautique correspond à 1852 mètres. En l’occurrence nous avons 46 km pour atteindre notre destination.




vendredi 13 mars 2015

LA SAGA DU GUINDEAU


Notre séjour à St Martin, collectivité d’outre-mer, s’éternise et n’en finit plus. Notre guindeau est en avarie depuis le 23 février, date du dernier mouillage de Philéas à St Barthélémy. Route est faite sur St Martin sans plus attendre pour règler le problème.

Le verdict est sans appel ; les pignons de la ligne d’arbre sont complètement « détruits » suite à une usure du joint assurant l’étanchéité du système. L’huile lubrifiant l’ensemble s’est échappée entraînant un frottement fatal aux engrenages et une sérieuse détérioration des dents de la roue ainsi qu’une entrée d’eau de mer par la même occasion. Il eut été rapide, simple et économique de procéder au remplacement de la roue dentée et du joint mais Lewmar, le fabricant de notre guindeau, dans sa logique commerciale ne fournit pas de pièce détachée peu coûteuse… Tout le bloc moteur doit être changé même si celui-ci fonctionne à merveille. Autant dire que l’affaire va nous coûter un bras !

La pièce n’est évidemment pas disponible sur l’île. Qui dans la situation économique actuelle a les reins assez solides pour stocker une pièce aussi chère ! Commande est donc faite aux Etats-Unis, au plus près, à Miami. Pas de chance elle n’est pas disponible et doit être acheminée depuis un autre dépôt américain. Résultat un délai d’acheminement qui s’allonge et passe d’une à deux semaines plus un ou deux jours pour le dédouanement (même si St Martin est un port franc une taxe de 4% est appliquée au lieu de notre TVA à 21%).

Jeudi 12 mars le colis est enfin arrivé.  André notre mécanicien procède à quelques modifications sur le bloc reçu pour l’adapter à notre système. Lewmar a changé quelque peu le modèle et la pièce reçue ne peut être fixée en l’état. De même le bloc moteur précedemment protégé par une coque étanche fort efficace voit cette protection disparaître. Le bloc moteur est de ce fait directement exposé au milieu marin. Encore une logique commerciale pour favoriser une usure prématurée de la piece ! 

Peut-être allons nous pouvoir enfin appareiller pour Porto Rico. Nous avons fait une croix sur notre séjour aux Iles Vierges suite à ce contretemps.