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vendredi 25 novembre 2011

5 - Des Canaries au Cap Vert


Cap vers le Cap Vert

Lundi 14 novembre, 10 h 30, nous quittons la marina de Santa Cruz de La Palma après une semaine d’escale bien agréable. Philéas file au grand largue, génois tangonné sous un vent de nord force 5. Très vite le vent tombe, la mer nous impose une houle de 2 mètres comme pour manifester sa réprobation de l’avoir délaissée pendant 7 jours. Nous lofons pour garder un appui, la mer devient désordonnée. Il nous faut nous amariner à nouveau. Nous naviguons bien à l’ouest de El Hierro, île des Canaries où une activité volcanique est enregistrée depuis quelques jours. Le phénomène sismique est sous-marin, il est prudent d’éviter la zone.
Mardi un vent de nord-est, force 5 est de retour. La mer s’est aplanie. Les conditions sont propices à un poste de pêche. Première touche, Jean-Pierre ramène la ligne en fatiguant le poisson. Raté, il s’est décroché : score poisson 1, JP 0. Quelques heures plus tard, nouvelle alerte, tout le monde est dans le cockpit, JP le actionne le moulinet, Christian est prêt avec l’épuisette et moi la bouteille de rhum en main prête à « anesthésier » la superbe daurade coryphène appelée aussi « ma hi-mahi », en lui versant le précieux liquide dans les ouïes. Cette méthode est bien moins barbare, tout aussi efficace que la méthode consistant à assommer le malheureux poisson et certainement indolore pour l’infortuné. La daurade coryphène, magnifique poisson pélagique des mers chaudes aux couleurs métalliques étincelantes à la caudale en faucille perd de son éclat lorsqu’elle meurt : sa belle robe disparait avec sa vie…Le carrosse redevient citrouille après le coup de grâce. 
Jean-Pierre et sa 1ère dorade coryphène
 Les journées et les nuits s’enchaînent au rythme des quarts. Les fichiers GRIB téléchargés tous les deux jours confirment maintenant l’installation des alizés. C’est un peu tôt en saison mais une aubaine pour nous. Philéas file au portant à une agréable vitesse moyenne oscillant entre 5 et 6 nœuds. De temps à autre des pointes à 8 nœuds sont enregistrées, l’accélérateur s’emballe !
20h00 début de mon quart, le vent mollit un peu comme chaque jour à cette heure, les effets du coucher du soleil, soleil qui a disparu depuis une bonne heure déjà. Aucune présence humaine visible depuis notre éloignement des îles canariennes. L’océan semble désert, pourtant une vie sous-marine intense et réelle existe bien sous mes pieds : les planctons fluorescents défilant à la proue de Philéas perceptibles uniquement dans l’obscurité sont un rituel des quarts nocturnes. Les dauphins sont venus tenir compagnie à JP hier pendant son quart de nuit. La lune n’est pas encore visible elle apparait finalement à 23h00. Peu importe le ciel étoilé me tient compagnie. Un ciel dans lequel aucune lumière artificielle ne vient troubler la beauté de ce spectacle. Les étoiles ne se dévoilent qu’avec autant de netteté et de beauté qu’en mer et dans le désert. Combien d’heures n’ai-je déjà passées à contempler le ciel dans le désert, à observer et à identifier les étoiles ! Sur l’eau je retrouve le même ravissement avec un bruit de fond agréable, la musique des voiles dans le vent, de la coque glissant sur l’océan, et la chanson particulière de Philéas accélérant sur l’impulsion des rafales de vent, mélodie troublée parfois par le bruit des voiles faséyant (j’aime moins, il faut reprendre le réglage !). Tiens entre l’horizon et le centre de la voûte céleste ORION dévoile son baudrier à triple diamant en direction du sud, encadré par Rigel la bleue, Bételgeuse la rouge et Bellatrix. Cette constellation qui domine le ciel nocturne durant les traversées d’Atlantique par alizés en saison hivernale est certainement l’une des plus somptueuses. Plus à droite un amas de sept étoiles visibles à l’œil nu en toutes saisons ; les pléiades.
La navigation se poursuit au portant avec une mer toujours agitée. La ligne mise à l’eau reste muette. Pas de poisson au repas aujourd’hui. Pourtant des exocets (poissons volants) volent au dessus de la surface de l’eau pour échapper à leurs prédateurs. Le poisson est bien là mais boude notre appât. Nous ne sommes pas seuls d’ailleurs en chasse. Des puffins planent au ras de l’eau, becs en alerte, prêts pour un plongeon nourricier…
Dimanche 20 novembre 2011, à l’aube, les îles du Cap Vert se dessinent à l’horizon. 09h00 au terme de 820 nautiques, Philéas accoste à la marina de Mindelo, côté ouest de Sao Vicente. Nous avons ralenti notre allure pour arriver de jour, décision sage à en juger par les nombreuses épaves non signalées sur le plan d’eau que nous évitons avant de rejoindre la marina. Qu’il est bon de mettre le pied à terre, hors de notre shaker géant  après 6 jours d’important tangage incessant ! 

Arrivée à Sao Vicente
 Archipel du Cap Vert

Sao Vicente et Sao Antao
L’archipel du Cap Vert, situé à 325 miles de l’Afrique de l’Ouest est composé de 10 grandes îles et de 4 plus petites formant un fer à cheval ouvert à l’ouest. Sao Vicente est la seconde plus à l’ouest dans le sens des aiguilles d’une montre. L’île a été découverte le 22 janvier 1462, le jour de la Saint Vincent d’où son nom. Ces îles sont toutes d’origine volcanique et la plupart sont montagneuses avec plusieurs cratères classiques. Elles sont géologiquement indépendantes du continent africain. La majeure partie des 227 km2 de Sao Vicente est montagneuse. L’intégralité de l’île manque d’eau et de végétation et est d’un jaune sable. L’installation d’une usine de dessalement de l’eau de mer a partiellement résolu le problème. Presque toute la population vit à Mindelo avec 47 000 habitants et dans sa banlieue environnante. Ancienne colonie du Portugal, au carrefour des routes vers le Brésil, l’Afrique Guinéenne et celle du Sud, les îles du Cap Vert furent une position stratégique pour le commerce triangulaire entre ces 3 continents. Les grandes bâtisses et les étroites rues pavées des environs du front de mer datent de cette époque. On rencontre à l’occasion des trottoirs dans le style typique des vieilles villes portugaises des maisons coloniales aux façades bariolées.
Les habitants sont d’un naturel ouvert et curieux. Ayant toujours été en contact avec les étrangers, ils ont l’expérience et l’habitude des cultures occidentales dont ils ont subi de fortes influences : pratiques de sport comme le cricket, le tennis, consommation de wisky….Au plan artistique et littéraire, cette inspiration étrangère est omniprésente, surtout celle du Brésil. Le carnaval de Mindelo, le plus important de l’archipel, en est un exemple des plus flagrants. La langue usitée est un mélange du Portugais et de dialectes africains, le « criolo ».
Notre dynamique président de rallye au remarquable talent d’organisateur et à son étonnant réseau d’amis expatriés nous a concocté un séjour « aux petits oignons ». Eric et Marie Hélène ont fait de notre escale une douceur le premier jour, une gourmandise les jours suivants….Originaires de la Manche, ces « voileux », arrivés au Cap Vert il y a quelques années, ont décidé de faire une escale prolongée à Sao Vicente avant de changer de cap pour le Pacifique. Propriétaires terriens non loin de Mindelo, ils nous ont accueillis comme des frères. Notre dernière escale avant le grand saut fut intense : contacts humains, tourisme, et bien sûr gastronomie locale. Le marin sevré en période de navigation recherche les bonnes tables lorsqu’il est sur le plancher des vaches !

 Séquence tourisme sportif 
à la découverte de Sao Vicente et de ses volcans. Lundi 21 novembre, les chaussures bateau sont troquées contre les chaussures de marche pour une petite randonnée, fort agréable entre mer et volcans. Le marin a besoin d’exercices physiques sur un sol non mouvant….. Quel décor ! A gauche le bleu de l’océan en perpétuel mouvement contraste avec, à droite, la lave noirâtre, vestige d’une activité ancienne. Après quelques heures de marche une halte dans une piscine d’eau de mer protégée des courants est appréciée de tous pour la partie natation de la séquence. La dernière étape de notre triathlon est ensuite bouclée avec la dégustation du plat national : la cachupa. Ce plat est préparé avec du maïs, des haricots, des fèves, du manioc, des patates douces, du tarot. Notre cachupa est riche c'est-à-dire agrémenté de viande (porc, poulet et chorizo). Pour le dessert nous découvrons le queije, fromage de chèvre caillé avec de la présure naturelle préparée avec du lait et du sel que l’on fait sécher dans la panse d’un chevreau non sevré. Le queije se mange avec de la confiture de papaye.
Excursion à Praia Grande
Plus à l'aise sur l'eau que sur terre !
 Séquence gastronomie 
organisée par Eric et Marie Hèlène dans leur grande maison Cap Verdienne. Mardi 22 novembre nous sommes attendus pour un dîner qui va faire envie à mes amis lecteurs . Marie Hèlène nous a préparé de la mousse et du carpaccio de garoupa (poisson de la famille du mérou). Eric s’est occupé des langoustes. Chanter et danser étant essentiel pour les Capverdiens, un groupe de musiciens-chanteurs nous fait découvrir la musique de l’archipel : le fado Capverdien, l’influence portugaise est là omniprésente. Ici aucune fête ne se conçoit sans musique. L’orchestre qui se produit pour nous aujourd’hui est composé de maçons qui travaillent pour notre hôte. Nous passons un agréable moment tous ensemble. Ce repas restera gravé dans les mémoires pour longtemps. 
gastronomie locale
La cachupa
 Séquence paysages époustouflants
 
Mercredi 23 novembre Pascual, belge rencontré chez Eric et Marie Hélène nous a décrit Santo Antao, l’île sur laquelle il s’est installé, avec tant d’emphase que nous ne pouvons que nous y rendre. 07h15 branle-bas de combat sur les pontons seize marins avides de découvrir l’île fantastique se dirigent vers la gare maritime. Une heure après nous posons les pieds à Porto Novo. Des vendeurs de fruits et légumes, de queije, de confiture de papaye, de goyave nous proposent leurs produits. Offres tentantes mais nous verrons au retour. Un mini bus nous attend et Pascual nous guide. Très vite nous adhérons à l’enthousiasme de notre ami. Sao Antao est d’une incroyable beauté, avec des montagnes et des vallées profondes, le plus souvent verdoyantes. A certains moments j’ai l’impression de revoir les paysages grandioses du Lesotho. Le reboisement y a été important, facilité par un climat favorable et des pluies régulières. 
Vallée de Paul - Sao Antao
 Avec ses 779 km2 de superficie cette île du Cap Vert arrive en deuxième position par sa taille derrière Santiago. Ile très montagneuse avec trois pics qui culminent à plus de 1800 m, alignés du sud-est au nord-ouest, formant ainsi une chaine qui sépare l’île en deux versants. Sao Antao surprend par son contraste, mélange de végétation et de terres arides. Le nord, humide, est pourvu de plantations et de cultures, c’est la zone verte, alors que le sud reste très sec. Le centre est très frais car il se trouve sur les hauteurs. C’est l’île la plus arrosée de l’archipel et elle possède de nombreuses variétés d’espèces florales et végétales. 
Traite très artisanale !



L’activité est essentiellement rurale et les moindres parcelles arables sont exploitées. Les récoltes sont vendues à Mindelo. On y cultive particulièrement la canne à sucre, le maïs et la banane et l’île est parsemée d’arbres fruitiers tels que les papayers, les cocotiers et les manguiers.

Sao Antao
 De Porto Novo nous nous dirigeons vers le nord, de l’autre côté de l’île en empruntant une route pavée tortueuse construite à la main pierre par pierre à travers la montagne. On la surnomme « Estrada Corda », la route de la corde car elle traverse l’île telle une corde jetée dans la nature, passant dans la montagne à plus de 1 000 mètres d’altitude d’un bout à l’autre de Sao Antao. Pendant les dix premières minutes du trajet, on se demande vraiment s’il existe une végétation sur cette terre. Puis peu à peu apparaissent les premiers sapins, par dizaines, par centaines. C’est vraiment une merveille jusqu’à Ribeira Grande. Cette route qui chevauche les cimes des montagnes tournoie au-dessus des précipices avec des gouffres de plus de 1000 mètres de chaque côté. Nous sommes émerveillés par tant de beauté. De l’autre côté de l’île et de la chaîne de montagnes, les vallées luxuriantes se multiplient et se confondent dans une couleur verte de plus en plus présente. 
Salon de thé et cyber café en brousse....
 A chaque tournant, à chaque descente, des situations insolites invitent à pénétrer à l’intérieur de l’île. Une multitude de maisons de pierre accrochées aux flancs des montagnes défile tout le long de cette route surprenante. Par quel miracle tiennent-elles sur ces pentes et comment les paysans s’y sont-ils pris pour les construire ? Nous allons de ravissement en ravissement. A regret nous devons reprendre le ferry pour rejoindre Mindelo. Nous quittons Pascual non sans l’avoir chaleureusement remercié pour cette extraordinaire journée. Nous garderons avec nous des souvenirs indélébiles de Sao Antao dans nos mémoires de globe-trotters. 
Sur les chemins de Sao Antao
 Jeudi 24 novembre, il est grand temps de préparer le départ. Nous avons moult besognes à finaliser avant notre départ pour le grand saut vers les Antilles.
Vendredi 25 novembre, appareillage prévu pour 2100 nautiques d’une traite à couvrir sur un peu plus de deux semaines si les alizés nous sont fidèles. Notre escale initialement prévue à La Barbade reste incertaine. Nous avons prolongé un peu plus que prévu notre séjour au Cap Vert. Eole sera maître en la matière comme toujours !

Pêche au filet

Visages du Cap Vert





 

dimanche 13 novembre 2011

4.- De Cadix aux Canaries - Etape musclée

Dimanche 30 octobre 2011 au petit matin, la marée est haute, les aussières larguées, nous quittons El Puerto de Santa maria, cap au 272. Le chenal d’accès est calme, rien à voir avec les forts courants rencontrés lors de notre arrivée qui nous ont donné du fil à retordre !

Le vent est faible cette première journée de transit, Philéas se traîne. En soirée changement de programme, le vent forcit (force 6). Les jours suivants nous naviguons sous des vents instables qui nous contraignent à régler les voiles en permanence : tantôt nous envoyons, tantôt nous réduisons la superficie de la toile portante. Le coup de vent annoncé par les fichiers GRIB et par météo France nous rattrape, force 7 puis 8 sur l’échelle de Beaufort mais bien sûr soufflant dans la mauvaise direction par rapport à la route que nous devons suivre. Pas question de faire une route directe pour rejoindre les îles Canaries. Nous louvoyons, tirons des bords carrés. Cela n’en finit pas. L’accalmie prévue pour le jeudi n’est pas au rendez-vous. Le vent aurait dû adonner mais non, rien. Le vendredi, nouvelle dépression. La mer se déchaîne, se creuse davantage, des vagues de 4 à 5 mètres déferlent sur Philéas. La mer est désordonnée, la houle croisée nous ballote sans pitié. Les grains s’enchaînent pas moyen de les éviter. Philéas est soulevé par les déferlantes et tape violemment en redescendant au contact de l’eau. Le pilote automatique a décroché et capitulé depuis longtemps. Le régulateur d’allure a pris le relais et barre au mieux. La résistance opposée par la forte houle désordonnée a finalement raison du régulateur : bout sectionné par l’importante tension et poulie cassée. Le dernier recours est de barrer manuellement. Gouverner dans ces conditions est éprouvant. Très vite nous décidons de nous mettre à la cape. Nous réduisons au maximum la voilure : 3 ris dans la grand-voile et tourmentin hissé. Philéas dérive sans opposer de résistance, il fait le dos rond en attendant la fin du coup de vent. Nous continuons la veille, le danger étant une collision avec un cargo. Pas facile à repérer derrière cette houle ! Nous consultons les bulletins météo avec avidité. Les conditions ne s’arrangent toujours pas : vent force 8, mer très forte à grosse. Les déferlantes sont impressionnantes de par leur hauteur. Nous nous laissons dériver pendant 24 heures. Il est inutile de lutter. Le combat serait inégal. Mieux vaut faire le roseau plutôt que le chêne. Philéas n’est plus manœuvrant. La mer apprend l’humilité. On ne triche pas avec la mer, le marin le sait.

Samedi 5 novembre, le vent mollit un peu, vent force 6. La hauteur des vagues diminue mais reste significative. Nous nous remettons en route. Philéas présente sa hanche aux lames et file 7 à 8 noeuds en route directe cette fois, enfin !!!

Le bilan des dégâts n’est pas dramatique si nous considérons les « coups de tabac » que nous avons essuyés. Le régulateur d’allure est à réparer, la grand-voile déchirée a fait l’objet d‘une réparation de  fortune en mer, l’hydro générateur a pu être réparé en mer également mais le système de fixation est à revoir à quai.

Côté humain, tout va bien : pas d’excès alimentaire, nous arriverons sveltes ...mais peut-être pas élégants aux Canaries !!!! . Il est vrai qu’il est difficile de cuisiner dans un shaker, les casseroles dansent et les contenus ont tendance à s’échapper !!!! Il est d’ailleurs préférable d’opter pour un aliment solide plutôt que liquide. Boire est une action enfantine en temps normal. Cela devient très vite du sport lorsque la houle a décidé d’y « mettre son grain de sel » ! Avez vous déjà essayé de boire dans un bol ou dans un verre lorsque vous êtes sur la grande route à OK Coral ? Et bien cela est à peu près la même chose. Il faut repérer le bon moment : en haut de la vague le liquide monte et se renverse, en bas de la vague il s’échappe et s’éloigne de la bouche !!!! Il faut s’empresser d’aspirer le liquide lorsqu’il est à portée de bouche…

Les conditions météo, nous ont très vite dissuadés de faire escale à Madère, l’une des zones à éviter. L’escale envisagée à Ténériffe également avortée car nous avons quelques réparations à effectuer avant la grande traversée en direction des Antilles.


Samedi 5 novembre, 23h30, fin de mon quart. Depuis ce matin nous filons à bonne allure et la mer s’est assagie quelque peu. Le ciel n’est pas encore dégagé mais la lune et les étoiles sont visibles. Pourvu que cela dure !


La journée du dimanche est une journée agréable. Nous avons toujours de la houle mais elle s’est nettement atténuée et nous glissons à bonne allure sur l’eau en direction de La PALMA, île la plus au nord-ouest des Canaries. Si le vent ne faiblit pas nous devrions l’atteindre lundi en fin de matinée.


Lundi 7 novembre, Philéas tout guilleret accoste à Santa Cruz de La Palma après 1750 nautiques parcourus depuis notre appareillage de Toulon. L’équipage va profiter d’une escale de quelques jours bien méritée avant la grande traversée de 2700 nautiques qui nous conduira aux Antilles.


A la Salinas de Fuentecalente
La Palma est entourée par les îles de La Gomera et Ténérife à une soixantaine de kilomètres au sud-est ainsi qu'El Hierro au sud. Administrativement, l'île fait partie de la province de Santa Cruz de Ténérife dans la communauté autonome des îles Canaries.
De forme triangulaire pointant vers le sud, l'île est montagneuse et composée de trois volcans : au nord la caldeira de Taburiente qui forme un cirque de neuf kilomètres de diamètre ouvert vers le sud-ouest, au sud le Cumbre Vieja, une crête allongée couverte de cônes volcaniques, et entre les deux le Cumbre Nueva. Le point culminant de l'île est le Roque de los Muchachos, un sommet de la caldeira de Taburiente culminant à 2 426 mètres d'altitude. Ses reliefs escarpés et la pluviométrie ont permis la formation et le maintien d'une forêt faisant de La Palma, l'île la plus boisée des îles Canaries. L'île jouit d'un climat doux avec des températures moyennes de 15 °C en hiver et de 28 °C en été. La pluviométrie est concentrée à l'automne et en hiver. Mais par chance le soleil est présent pendant une grande partie la durée de notre séjour (sauf la journée de notre excursion autour de l’île… !)
Le navigateur découvre La Palma avec fascination. Le regard a du mal à se dégager de cette île dont les montagnes retiennent les nuages qui semblent être dessinés à mi-hauteur des crêtes. Quelle belle récompense que ce spectacle envoûtant après une navigation difficile ! Promesse d’une escale agréable !

Arrivée à la Palma

La promesse est tenue. L’accueil à la marina et en ville est chaleureux et convivial. La ville de caractère témoigne d’un passé florissant. Au XVIème siècle, Santa Cruz fut le 3ème port de l’empire espagnol après Séville et Ambères. Ce passé tout en splendeurs a laissé dans la vieille ville un héritage important de palais, de bâtiments de type colonial et de maisons à l’architecture traditionnelle canarienne, comme par exemple les balcons en bois. Tout séduit le promeneur qui se ballade le nez en l’air pour observer les façades. Les rues, piétonnes sont pavées avec des pierres volcaniques. Ne cherchez pas de grands magasins ou centres commerciaux, seules des petites boutiques et petites échoppes fleurissent à Santa Cruz mais il est possible de trouver de tout. Le marché couvert, ouvert jusqu’à 14h propose fruits (bananes du pays, papayes, mangues…), légumes, viandes et poissons en partie surgelés. Il me rappelle le marché de Papeete mais en miniature.

La Plaza de Espana concentre à elle seule plusieurs des édifices les plus importants de l’île. On y trouve la mairie construite au XVIe siècle pendant le règne de Felipe II. La façade est dominée par une image en relief du monarque et par les armoiries de la dynastie autrichienne.


Santa Cruz de  La Palma

SANTA CRUZ DE LA PALMA

 
La Palma est également une réserve de la biosphère. Elle est décrite comme l’île verte ou l’île Bonita où se diffuse une multitude de couleurs sous l’un des meilleurs ciels de la planète pour l’observation astronomique. On y trouve les observatoires d’astrophysiques les plus importants de l’hémisphère nord. Le randonneur est impressionné par les ravins profonds, par les volcans et leurs étranges paysages de lave. Il peut se pencher sur l’un des plus grands cratères du monde classé parc national où poussent sur les flancs de ses pentes vertigineuses de splendides exemplaires de pins canariens, une espèce végétale présente seulement aux îles Canaries. La Palma est considérée comme une des îles les plus belles des Canaries. C’est une destination où j’aurais plaisir à revenir mais en y consacrant beaucoup plus de temps.
Notre escale touche à sa fin. Elle fut riche en découvertes et en manifestations. La Palma fut une étape de regroupement où les 10 voiliers participant au rallye se retrouvèrent pour d’agréables moments conviviaux.


Côté touristique, l’incontournable tour de l’île nous a permis une approche terrestre de LA PALMA. Notre guide nous a fait découvrir la diversité de la végétation de l’île : au nord une végétation luxuriante et au sud l’empreinte des volcans avec des paysages désolés. Les volcans ne sont plus actifs sur cette île depuis 1971 mais les coulées de lave laissent des traces durables. En revanche à El Hierro, île voisine des Canaries, une activité volcanique est enregistrée depuis quelques jours. Plus au sud, rapide petit arrêt aux marais salins avant de poursuivre notre route pour une visite d’une bodega (cave vinicole) puis au musée du tabac.

Christian à la Bodega

Feuilles de tabac séchées
Côté culturel, nous avons le plaisir d’assister à une soirée «vin rouge, châtaignes», l’équivalent de notre traditionnelle soirée beaujolais nouveau, animée par un orchestre local dont le répertoire semble emprunté aux musiques cubaines : La réplique de Bueno Vista !

La fin de l’escale approche, il faut penser à l’avitaillement, notamment en produits frais. Rendez- vous est pris avec notre sympathique guide qui nous a proposé de nous emmener au marché paysan de MAZO, commune située dans les hauteurs à une dizaine de kilomètres de Santa Cruz. Ce marché a lieu tous les samedis et dimanches. Tous les produits sont issus de la production locale et les prix sont réglementés par la commune. Nous faisons le plein de mangues, ananas, bananes, et fruits dont j’ai oublié le nom et qui ne sont cultivés qu’à La PALMA. Les légumes y sont également abondants et de très bonne qualité. Autant dire que de retour à bord, mes deux co-équipiers m’accueillent avec des yeux écarquillés et pétillants de plaisir et bien sûr avec le sourire.

Approvisionnement local
Lundi matin, PHILEAS s’impatiente, il est temps de partir vers d’autres horizons. Cap est mis au 206° direction le Cap Vert, plus exactement vers Mindelo sur l’île de Sao Vicente, que nous atteindrons dans une bonne semaine si les vents sont généreux (mais pas trop tout de même… !) après avoir parcouru 700 miles.